Quel est le rapport entre GPI et EBICS ?

GPI est-il intimement lié à SWIFT ? De prime abord, on pourrait le penser. L’acronyme provient de SWIFT et signifie « Global Payments Innovation ». Lancée à la fin de l'année 2015, l'initiative GPI a immédiatement reçu le soutien de nombreuses institutions financières mondiales.

Le principe de GPI repose sur la référence unique de bout en bout, en abrégée UETR (Unique End-to-End Transaction Reference), qui accompagne un paiement tout au long de la chaîne des banques correspondantes et qui peut dans certains cas se révéler plutôt longue. Elle est composée de pas moins de 36 caractères sous la forme xxxxxxxx-xxxx-4xxx-yxxx-xxxxxxxxxxxx générés au moyen d’un algorithme universel, et elle garantit l'unicité de la transaction sans « organisme d'attribution » central. Alors qu’UETR n'était à l'origine utilisé que dans un seul CUG (Closed User Group) pour les paiements entreprise dans les messages MT103, tous les paiements effectués dans le réseau FIN sont désormais munis d'une telle référence, qui reste identique du début à la fin de la chaîne de paiement.

Le deuxième composant essentiel de GPI est le « tracker », base de données centralisée hébergée chez SWIFT. Il fournit aux institutions financières participantes des informations complètes sur le statut d'un paiement dans la chaîne des banques correspondantes, sur les frais et sur les cours de change des devises. Alors que le transport FIN lit directement ces informations dans les messages échangés, les institutions financières non-FIN peuvent elles aussi fournir activement des informations au tracker. La « Confirmation » qui consiste en la notification du crédit sur le compte du bénéficiaire à la fin de la chaîne de paiement, est actuellement en discussion et devrait devenir obligatoire dès 2020 pour toutes les institutions financières FIN.

Mais pourquoi tous ces efforts ? GPI permet de relever les deux principaux défis du secteur des banques correspondantes, à savoir la transparence et la rapidité. L'utilisation intensive d'UETR a permis d'obtenir des statistiques : en moyenne, 40 % des virements GPI sont comptabilisés dans le compte du bénéficiaire final dans un délai inférieur à cinq minutes, 50 % en moins de 30 minutes, 75 % en moins de six heures et la quasi-totalité en 24 heures. Une telle affirmation aurait été tout simplement impossible avant l'arrivée de GPI. Au contraire, tous les trésoriers ont connu des situations au cours desquelles les paiements arrivaient en retard ou n'arrivaient pas du tout, avec des frais élevés et inexplicables ainsi que des informations peu claires ou manquantes.

En plus des détails techniques tels qu'UETR et le Tracker, GPI fournit également un ensemble de règles stipulant qu'un paiement doit être transmis dans la mesure du possible le même jour et doit être accompagné d'un motif de paiement complet spécifiant les frais déduits ainsi que les détails de la conversion des devises. Puisqu'il n'existe pas de directive globale sur la transparence, celle-ci doit être appliquée sur la base d'accords multilatéraux. C'est une bonne chose - nous attendions une telle mesure depuis longtemps.

Le client (entreprise) devrait bénéficier d'un meilleur service en matière de transactions financières transfrontalières. Nous avons déjà abordé le sujet de la rapidité et la transparence, mais l'accusé de réception joue également un rôle important. À y regarder de plus près, ce principe n'existe que pour les paiements en espèces : dans le domaine des transactions financières électroniques, le slogan « shoot and forget » était jusqu'à présent de rigueur, à savoir que si personne ne se manifeste, nous partons du principe que l'argent est bien arrivé. Les paiements SEPA se sont considérablement développés au cours des dernières années et les paiements instantanés réalisés selon le schéma SCTinst sont maintenant eux aussi accompagnés d'un accusé de réception. L'arrivée de SWIFT GPI permet également de générer un tel accusé de réception, même si cette opération requiert (encore) une chaîne FIN dans le processus de règlement. Il reste toutefois du chemin à parcourir : de nombreux changements sont requis au niveau des institutions financières, dans un premier temps uniquement en interne. La connexion des systèmes clients permettant l'accès aux informations ou même le transfert du statut et des informations relatives aux frais vers les systèmes clients n'en est qu'à ses débuts. En cas de doute, la possibilité de vérifier le statut des paiements dans une base de données centralisée représente déjà une avancée considérable dans le vaste réseau des banques correspondantes.

Ce système peut-il être mis en place en dehors du réseau FIN ? Bien sûr que oui. Les développements actuels, tels que la migration des systèmes de règlement brut en temps réel (RTGS) TARGET2, EURO1 ou encore CHAPS de MT vers des messages en XML conformément à la norme ISO-20022, permettent de faire un pas supplémentaire dans cette direction. Les (nouveaux) formats de message ISO contiennent des champs dédiés à l’UETR, permettant ainsi de transporter la référence également en dehors du réseau FIN. SWIFT a par ailleurs récemment annoncé le « SWIFT trials instant cross-border gpi payments through TIPS »[1].

Les messages sous forme de PSR (Payment Status Report, c'est-à-dire pain.002) sont plus efficaces que les processus manuels pour l’envoi des réponses GPI aux systèmes clients tels que TMS ou ERP. Ces fonctions en libre-service sont déjà un pas important vers plus de transparence. Les normes de ces réponses, c'est-à-dire les champs (tags) et les codes, sont par ailleurs définis par l'initiative d'harmonisation CGI-MP comme solutions compatibles multi-banques. PPI contribue dès maintenant activement à cette initiative.

À l'avenir, les clients devraient également être en mesure d'initier leurs références en tant qu'UETR dans les paiements - comme champ spécial de pain.001.001.03 conformément à l'initiative CGI-MP ou dans des champs prévus à cet effet (déjà disponibles dans les versions ISO les plus récentes).

C'est précisément ici, au niveau de l'interface institution financière/banque ou banque/institution financière, que les paiements des clients et les réponses PSR sont souvent transportés avec EBICS. Plutôt que de s'opposer, les systèmes GPI et EBICS se complètent donc de manière raisonnable, comme c'est souvent le cas pour les transactions financières.

Auteur : Dr Mario Reichel

[1] Source : https://www.swift.com/news-events/press-releases/swift-trials-instant-cross-border-gpi-payments-through-tips