L’avenir des paiements – un secteur en évolution constante

Il n’y a aucun doute : les transactions financières telles que nous les connaissons aujourd’hui subiront des changements fondamentaux. Ces changements nécessitent des investissements massifs, mais laissent également augurer de bons rendements.

Le secteur des paiements connaît une évolution irréversible. Cette réalité est clairement illustrée par la progression des méthodes de paiement numérique sur le marché italien.

On constate plusieurs tendances. Parmi celles-ci figurent le paiement automatisé, le commerce numérique, la DSP3, les virements instantanés (qui devraient bientôt devenir la norme), y compris pour les paiements internationaux, Request to Pay (RTP) et la gestion des flux de données au moyen de l’intelligence artificielle, rendue possible par la migration vers le standard de paiements ISO 20022.

Compte tenu de l’évolution incessante du marché, il faut s’attendre à un changement de stratégie dans les années à venir, ce qui entraînera une redéfinition des business plans existants.

Les acteurs du marché ne sont souvent pas préparés à un changement aussi important, qui nécessite des investissements et des compétences.

Il n’est donc pas surprenant qu’au lieu d’une consolidation des plateformes, on constate une fragmentation croissante. Ceci s’explique probablement par le fait que les différentes méthodes de paiement nationales, telles que ICI ou MAV (une méthode de paiement au moyen d’avis de paiement contenant les informations nécessaires à la comparaison du paiement) et RiBA (une méthode de paiement dans laquelle la créance du créancier est acquittée à la réception d’un paiement) ont lieu hors du système SEPA, contrairement au prélèvement automatique RID (une méthode de paiement italienne basée sur une autorisation permanente de prélèvement, qui exécute les instructions données par un créancier spécifique), désormais remplacé par SDD.

Tandis que les procédures SCT ont connu une modernisation technologique, de nombreuses plateformes de portefeuilles commerciaux des plus grandes institutions financières résident encore dans des mainframes, car elles ont été développées selon les paradigmes traditionnels Cobol/CICS/DB2.

De même, les paiements de gros montant (également appelés « high-value payments ») reposent dans de nombreux cas sur les plateformes de virement existantes et non encore abandonnées, similaires à des projets plus récents comme la consolidation du TARGET2 et le développement des paiements internationaux des messages FIN vers le standard MX, qui profitent des convertisseurs. Cette situation ne fait que renforcer la fragmentation au niveau des applications et de l’architecture.

Dans un tel contexte, une consolidation des plateformes au sein d’un hub de paiement ne peut qu’avoir des effets positifs sur les coûts d’exploitation des systèmes, sur l’ampleur des investissements nécessaires au développement et surtout sur les délais de démarrage des validations de systèmes soumis à la conformité réglementaire.

La consolidation souhaitée pourrait également être promue par l’introduction de la nouvelle méthode de paiement Request to Pay au sein du système SEPA, cette méthode pourrait constituer une évolution naturelle des services de paiement nationaux tels que RiBA et MAV. Mais nous n’en sommes pas encore là. Il faut d’abord attendre la position du Comitato Pagamenti Italia à ce sujet.

Auteurs : Federico Sajeva, Marinella Pistone, Alessia Giani

Service d’annuaire pour la gestion des systèmes opérationnels de l’EPC

L’utilisation d’interfaces de programmation d’applications (API) a créé de nouveaux défis liés à la joignabilité entre les participants, en particulier dans le contexte des systèmes SEPA d’accès aux comptes de paiement et de la demande de paiement (Request to Pay). Les participants doivent avoir la certitude qu’il s’agit d’un adhérent au scheme, correctement enregistré auprès de l’EPC :

  • Du côté du « demandeur », un participant doit savoir quel est l’adresse URL du participant destinataire.
  • Du côté du « destinataire », un participant doit avoir la certitude que le demandeur (appelant de l’API, participant d’origine) est digne de confiance.

Par conséquent, le rôle d’OSM 1 est d’exploiter un service d’annuaire pour le scheme EPC et de mettre davantage de données à la disposition des participants :
les URL des API des participants au système, les informations relatives à l’identification et à l’authentification, mais aussi des informations sur la fonction qu’un participant remplit ou sur la ou les fonctionnalités qu’il offre, dans le cadre d’un scheme spécifique.

Actuellement, l’EPC ne gère pas les données et les mécanismes garantissant la joignabilité des participants entre eux, c’est-à-dire la manière dont les participants doivent se découvrir et se connecter les uns aux autres afin d’envoyer et de recevoir des paiements ou des transactions liées à des paiements. La responsabilité de cette fonction d’acheminement est laissée à des entités opérationnelles telles que les mécanismes de compensation et de règlement (pour les schemes de paiement) ou d’autres entités spécialisées (SPL, SRTP, etc.).

Les exigences relatives à l’OSM stipulent que les données doivent être lisibles par machine (c’est-à-dire dans un format électronique structuré) et disponibles sous la forme d’un seul fichier de données complet comprenant les données de tous les participants et les modifications apportées depuis la dernière mise à jour, ou par le biais d’appels API (limités aux participants et à leurs fournisseurs de solutions techniques) permettant de consulter les données individuelles des participants et les valeurs de recherche fournies dans la demande d’API.

Pour des raisons de sécurité, il est recommandé d’authentifier les demandeurs de données à l’aide de certificats TLS/SSL du client (les certificats des API PSD2 sont compatibles).

Si les données doivent être mises à disposition sous la forme d’un fichier, accessible au public pour téléchargement (sans nécessité d’authentification par l’entité requérante), ce fichier doit être signé par l’OSM avec une signature électronique d’au moins niveau AdES (Advanced Electronic Signatures). Toutefois, il n’est pas nécessaire que l’OSM soit lié aux autorités de certification (AC) ou aux fournisseurs de services de confiance qualifiés (QTSP) des participants pour les échanges automatiques de données de certificats.

La mise à jour des données peut être effectuée par les participants, après authentification, via l’interface graphique ou les appels API, et doit être rapide (c’est-à-dire intraday), par exemple en cas de suppression/mise à jour immédiate d’un participant à sa demande, à la suite d’une révocation de certificat ou d’un autre problème de sécurité susceptible d’entraîner une révocation de certificat.

Données obligatoires

  • Données d’identification et d’adhésion provenant du registre des participants à l’EPC
    • nom légal
    • adresse
    • identifiant de chaque scheme
    • date d’adhésion
  • Données techniques et complémentaires des participants
    • API endpoints (URL)
    • API documentation endpoints (URL)
    • UID du certificat et nom de l’autorité qui a délivré le certificat
  • Caractéristique(s) optionnelle(s) soutenue(s) par les participants
  • Coordonnées pour communiquer sur la mise à jour exceptionnelle intraday

Données facultatives

  • Nom commercial
  • Indicateur du type du API endpoint (direct route or proxy)
  • Indicateur du propriétaire de la signature API (participant au scheme ou proxy), etc.

Les identifiants uniques des participants sont les valeurs « clés » qui permettent d’obtenir d’autres informations sur les participants/proxy (par exemple, via l’API) et à des fins d’authentification.
TRAVIC-Payment-Client-API peut aider un OSM ou un PSP (ASPSP ou Asset Broker) à connecter des fournisseurs tiers (TPP). Cette API est une bibliothèque Java qui permet à un appelant de communiquer avec une interface de paiement d’une institution financière en fournissant des fonctions telles que le service d’informations de compte (AIS), de soldes, de données de transaction et l’initiation d’un paiement (PIS) à des banques tierces.

Auteur: Zaher Mahfouz

Source: EPC, TRAVIC-Payment-API

1 Operational Scheme Management

TARGET2 – Le compte à rebours a commencé

En octobre 2022, la BCE a annoncé que la consolidation T2/T2S serait reportée de quatre mois, soit au 20 mars 2023. Ce n’était pas vraiment une surprise pour les institutions financières, car les semaines précédentes avaient clairement montré que la nouvelle plateforme n’était pas encore capable de répondre aux attentes. Le mécontentement des institutions financières n’a cessé de croître. Ceci ne s’est pas seulement fait sentir sur le marché allemand, mais également au niveau européen. Il n’était donc pas surprenant qu’outre l’Allemagne, un autre acteur important dans le secteur du traitement des paiements TARGET2, la Banque nationale de France, ait indiqué un indicateur d’état rouge lors de la consultation quant au Readiness Report.

Les signaux provenant des autres pays européens n’étaient pas meilleurs. Certaines banques centrales ont annoncé un état « vert », mais elles relevaient de l’exception. Depuis le mois de juin, les messages de statut indiquaient que la mise en service prévue pour novembre était perçue de manière de plus en plus critique. Les principaux points critiqués étaient l’instabilité de la plateforme de test durant des mois, le nombre incontrôlable d’erreurs et de défauts ainsi que la création très chronophage de données de base dans le Common Reference Data Management (CRDM). Ce sont surtout les grandes institutions financières, agissant en tant que co-gestionnaires pour leurs participants indirects, qui ont dû faire face à une charge de travail considérable. L’instabilité de la plateforme de test n’a pas facilité la situation et a engendré des efforts inutiles. Un autre point était l’installation de Go-Sign dans l’infrastructure technique des institutions financières, qui est indispensable pour la procédure de validation et qui garantit l’accès aux nouvelles infrastructures des différents services T2. Cela a également entraîné davantage de travail imprévu du côté des institutions financières, en particulier dans le cadre d’environnements de travail distribués (qui sont devenus plus courants à cause du Coronavirus). Jusqu’à la fin de l’année 2022, certaines institutions financières luttaient encore contre ce problème et n’avaient toujours pas pu installer et activer Go-Sign. Un grand nombre d’entre elles ont pu profiter du temps gagné pour achever définitivement ces activités.

Mais que signifie ce report pour les institutions financières et pour la BCE ? La réponse à cette question est ambigüe. Les réactions sur le marché ont été diverses. Les grandes institutions financières auraient aimé que la mise en service se passe comme prévu, même en tenant compte du fait qu’il y aurait probablement eu beaucoup de complications. Mais elles étaient prêtes à les accepter. Pour d’autres institutions financières, une mise en service aurait plutôt abouti à une catastrophe, car il était prévisible que les activités nécessaires ne pourraient pas être terminées avant la mise en service. En fin de compte, ce sont toutefois les doutes sur la stabilité de l’Eurosystème qui ont motivé le report. Impossible d’imaginer ce qui serait passé si, par exemple, les paiements SEPA n’avaient plus pu être traités parce que les institutions financières n’avaient pas été en mesure de fournir des liquidités en temps voulu.

La BCE a travaillé d’arrache-pied pour améliorer les points critiques relevés par les institutions financières et pour remédier aux défauts critiques au moyen de hotfixes. Mais cela signifie pour les institutions financières qu’il faut continuer les tests. Même les institutions financières qui avaient déjà terminé avec succès les activités de test obligatoires ne pouvaient se reposer et attendre, elles ont continué à recetter dans leur propre intérêt. Il s’est malheureusement avéré qu’avec la livraison des défauts corrigés dans la nouvelle version, de nouvelles erreurs se sont toutefois glissées.

Il est néanmoins clair que toutes les erreurs et tous les défauts ne seront pas rectifiés avant la mise en service. Les institutions financières doivent donc absolument se préparer à ce que tout ne fonctionne pas de manière fluide dès le début et à travailler avec des solutions alternatives. Mais quelles sont les erreurs qui ont été corrigées et celles qui ne l’ont pas été ? À quelles solutions de remplacement faut-il se préparer ? Les institutions financières espèrent que la BCE leur fournira à temps des réponses à ce sujet. Car cela a été un autre point en cause de ces derniers mois : le manque de communication et de transparence.

L’épée de Damoclès qui planait sur tout était la décision d’aller ou non de l’avant prise le 22 février 2023. Même si les signes avaient été en faveur d’un feu vert, il n’y avait pas encore de certitude qu’un nouveau report n’aurait pas été nécessaire Étant donné que SWIFT avait déjà clairement communiqué auparavant sa volonté de ne pas reporter encore une fois sa propre migration, la situation aurait été la suivante : d’une part, SWIFT aurait déjà migré vers ISO 20022, mais TARGET2 aurait dû continuer à être livré avec des message MT. Ce fonctionnement mixte aurait causé de sérieux problèmes à de nombreuses institutions financières, notamment à celles qui transmettent des paiements en tant « qu’intermédiaires », car beaucoup de mises en œuvre reposaient implicitement sur une transition simultanée, et une séparation n’aurait été possible qu’avec de nouveaux efforts.

Du côté de SWIFT, on a travaillé intensivement ces derniers mois sur le traitement des données tronquées, Data Truncation ou troncature des données. SWIFT a certes élaboré des recommandations et des règles, mais les institutions financières pouvaient tout de même faire sans. Le département de la Conformité d’une institution financière peut avoir des sueurs froides à l’idée de données tronquées ou même effacées dans une transaction de paiement. Dans cette période où la réglementation a de plus en plus d’influence et d’impact sur les institutions financières, ce scénario est impensable. Mais malheureusement, la réalité prouve que c’est exactement ce qui peut arriver, surtout dans la phase initiale pendant laquelle tous les participants doivent s’habituer à la nouvelle situation.

En conclusion, la consolidation T2/T2S s’est avérée aussi complexe que ce que l’on craignait au départ. Le nombre d’institutions financières devant effectuer la transition est énorme et l’Eurosystème, le domaine le plus sensible, est concerné. Cependant il y a des raisons d’envisager la date de transition avec optimisme. Les derniers mois ont redonné confiance aux institutions financières, car les mesures prises par la BCE ont renforcé leur optimisme. Il faut également prendre en compte le fait que les activités ne se termineront pas avec la mise en service, mais que les institutions financières devront immédiatement les poursuivre, puisque la prochaine version de l’Eurosystème est déjà annoncée pour le mois de juin. Pas de répit alors pour les institutions financières, la pression reste forte et les prochains problèmes se profilent déjà à l’horizon.

Sabine Aigner
Thomas Ambühler

Paiements instantanés dès 2024 en Suisse

Potius sero quam numquam
La traduction française de cette citation de Tite-Live, historien romain à l’époque de l’empereur Auguste, est : « Mieux vaut tard que jamais. », ce que l’on pourrait également dire de l’introduction des paiements instantanés (IP) en Suisse. Dès l’année prochaine, les institutions financières suisses dont le volume de transactions dépasse 500 000 réceptions de paiements par an seront obligées de pouvoir recevoir des paiements instantanés en francs suisses. À partir de 2026, ce règlement de la Banque nationale suisse s’appliquera à toutes les institutions financières participant au système national de compensation, géré par SIX. En quoi l’approche suisse des paiements instantanés SEPA est-elle différente ? Comment les paiements instantanés pourraient-ils devenir la « nouvelle norme » en Suisse comme aux Pays-Bas ? Un scénario similaire à celui de l’Allemagne, avec une faible distribution, est-il également probable en Suisse ? Comment les institutions financières suisses agissent-elles actuellement ? Cet article cherche à répondre à ces questions.

En quoi les paiements instantanés suisses se distinguent-ils des paiements instantanés SEPA ?
Disons-le tout de suite : les paiements instantanés suisses ne sont pas compatibles avec les paiements instantanés SEPA. Pour son introduction en 2024, les paiements instantanés suisses visent à traiter les paiements en francs suisses entre les participants du système national de compensation SIX en temps réel et 24 heures sur 24. Afin de ne pas entraver une éventuelle interopérabilité future en euros avec l’espace SEPA, les normes et les processus liés aux paiements instantanés SEPA ont été majoritairement repris. Contrairement au modèle européen, l’obligation de recevoir des paiements existe dès le début en Suisse (d’abord pour les grandes et moyennes institutions financières, puis pour toutes les institutions financières). Tout comme pour les institutions en Europe, les défis techniques concernant la haute disponibilité des systèmes de paiement sont également très élevés en Suisse et liés à des investissements importants dans l’infrastructure. De même, les institutions financières sont très sceptiques quant à la possibilité que les paiements instantanés représentent un cas d’affaires pour les institutions.

Les paiements instantanés suisses identiques aux paiements instantanés aux Pays-Bas ou aux paiements instantanés en Allemagne ?
Lorsque l’on considère les offres pour paiements instantanés du point de vue des clients, on constate qu’il existe d’énormes différences dans la distribution des paiements instantanés en Europe. C’est ce qui rend les prévisions si difficiles pour les institutions financières en Suisse. D’une part, ils aimeraient amortir au moins une partie des investissements dans les nouvelles infrastructures avec des frais sur les paiements instantanés et d’autre part, ils sont conscients que c’est exactement ce qui empêchera la distribution à grande échelle auprès des clients. De nouveaux cas d’application sont donc recherchés, dans lesquels toutes les parties impliquées en bénéficient. Une approche possible est celle de nouveaux schémas de paiement de compte à compte (paiement A2A) dans le commerce au lieu des schémas de cartes (débit et crédit) largement répandus en Suisse. Du point de vue du commerce, c’est une option prometteuse, comme aux Pays-Bas, car on s’attend à des frais de transaction plus bas. Du point de vue des institutions financières, c’est à première vue une situation à double tranchant, car les schémas de cartes existants génèrent actuellement de profitables chiffres d’affaires.

Expérience de mise en œuvre dans la communauté
Dans le contexte des paiements instantanés en Suisse, il convient de mentionner la procédure de mise en œuvre des paiements instantanés au sein d’un groupe de banques cantonales en concurrence. Début 2022, les banques cantonales de Saint-Gall, Thurgovie, Argovie, Bâle-Campagne, Lucerne et Soleure se sont regroupées en communauté pour mettre en œuvre le projet ensemble. Ceci dans un contexte où toutes les institutions financières présentent un environnement système pratiquement identique devant être adapté aux exigences des paiements instantanés. Sous la direction de PPI Schweiz, une analyse de l’environnement a été réalisée dans un premier temps avec les fournisseurs de systèmes impliqués, y compris la demande d’offres approximatives. Ceci dans le but d’obtenir des réductions dites de volume pour le groupe. Actuellement, les institutions collaborent également pour la mise en œuvre afin d’économiser des ressources (les leurs et celles des fournisseurs). Pour l’offre de marché, chaque institution financière sera à nouveau isolée lors de l’introduction en 2024, mais l’évolution de la base technique ne constitue pas, de leur point de vue, un critère de différenciation. Une nouveauté sur la place financière suisse.

Auteur : Carsten Miehling

Obligation de transformation des adresses : avec l’IA à travers la confusion des adresses

Toute personne ayant déjà envoyé une lettre à un étranger le sait : les adresses peuvent parfois être très différentes les unes des autres. Alors qu’en Allemagne, une adresse suit en règle générale le schéma

Rue – numéro – code postal – ville

en France, le numéro est normalement placé devant le nom de la rue. La situation devient vraiment compliquée lorsque la lettre n’est pas envoyée dans un pays voisin, mais par exemple en Asie, où les structures sont totalement différentes. Ou aux États-Unis : le United States Postal Service décrit sur plus de 200 pages la manière dont les adresses peuvent se présenter aux États-Unis, par exemple quant à leurs formats et les abréviations autorisées.

Les institutions financières et les caisses d’épargne adressent également chaque jour d’innombrables parties dans le monde entier en matière de transactions financières. La raison en est que pour les paiements en dehors de l’Espace économique européen (EEE), l’adresse du payeur doit être indiquée et le destinataire doit également être indiqué afin d’assure un traitement sans problème. Cela sert aux contrôles nécessaires, par exemple relatifs au blanchiment d’argent et à la prévention de la fraude.

Jusqu’à présent, l’énorme diversité des formats d’adresses dans le monde est restée insignifiante. En effet, l’indication des données d’adresse se fait de manière non structurée. Dans le fichier de paiement, des champs simples sont prévus à cet effet, les Address Lines (AdrLine) dans lesquels l’adresse est fournie sous forme de texte libre. Seul le nom doit être indiqué séparément à chaque fois.

Avec le SEPA 2.0, cette situation est terminée. Car à l’avenir, les données d’adresse devront être fournies de manière structurée et ce pour tous les formats de paiement SEPA. Les changements entreront progressivement en vigueur à partir de novembre 2023. Au plus tard en novembre 2025, les données d’adresse ne pourront plus être fournies que sous forme structurée pour les virements SEPA. Et les défis ne sont pas strictement limités à l’Europe : Swift et d’autres infrastructures de marché ont la même échéance. Pour les paiements au sein de l’EEE, l’indication des données d’adresse reste optionnelle. Cependant si les institutions financières optent pour la fournir, celle-ci doit également être structurée.

Cela signifie qu’à l’avenir, chaque élément d’une adresse doit être repris dans le champ prévu à cet effet. Le Payment Markets Practice Group répertorie au total 14 caractéristiques qui peuvent être attribuées à une adresse postale.

L’exemple affiché dans le graphique est simple. Chaque personne en Allemagne sait en effet que 9 est le numéro de la maison et que Wiesenweg est le nom de la rue. Migrer les données vers le nouveau format ne dure que quelques secondes, à condition que l’application offre les moyens appropriés.

Mais même dans ce cas, la transformation serait une tâche colossale. Car les institutions financières et les caisses d’épargne disposent de millions de données d’adresses qui doivent être migrées. Et des adresses aussi simples sont l’exception. Si on calcule les activités nécessaires, un simple exemple de calcul accumule rapidement une charge de travail pouvant atteindre 250 000 heures de travail pour une institution financière moyenne avec 500 000 entreprises clientes. S’y ajoutent les dépenses de formation des équipes pour mettre à jour leurs connaissances et expertise nécessaires sur les formats d’adresse du monde entier.

Compte tenu de l’ampleur de la tâche, il faut donc trouver des solutions efficaces. Les expressions régulières ne sont pas une solution dans ce cas. Comme nous l’avons expliqué plus haut à l’exemple des États-Unis, les possibilités des formes de données d’adresse sont multiples, même au niveau national et ne suivent aucune structure régulière. De plus, d’innombrables données de test seraient nécessaires.

Une autre possibilité sont les services de données d’adresse, par exemple de Google. Toutefois, ces services sont non seulement chers, mais aussi discutables du point de vue de la protection des données. En outre, il n’est pas rare que ces services se limitent à certaines régions ou même à certains pays.

Une application basée sur l’intelligence artificielle (IA) peut y remédier. Un tel système permettre de transposer de manière automatisée les données dans la structure nécessaire. L’IA est alors en mesure de reconnaître des structures à l’aide de données d’essai prédéfinies et de les appliquer à d’autres cas.

Chez PPI, nous aidons volontiers les institutions financières à préparer la réalisation de la migration des données d’adresse. Cela comprend la sélection et l’adaptation de l’application AI appropriée ainsi que le choix des données d’essai et de test nécessaire.

À la fin, les institutions reçoivent une solution performante et fiable, dont les institutions financières ne sont pas les seules bénéficiaires. Car à l’avenir, les entreprises clientes devront aussi fournir des données d’adresses structurées. Les institutions financières qui déchargent les entreprises de la transformation nécessaire peuvent s’assurer un avantage concurrentiel sensible.

Auteur : Dr.-Ing. Thomas Stuht, chef de produit chez PPI

La survie dans le changement

Toujours pareil, mais différemment – en 2023 aussi, les défis à relever dans le domaine des paiements sont nombreux. La situation est toutefois plus compliquée, du fait que les effets de la procrastination semblent se développer du côté des banques. Les thèmes importants ne sont tout simplement pas abordés. Cela s’applique aussi bien à la mise en œuvre des tâches obligatoires à accomplir qu’à l’exploitation des opportunités commerciales qui se présentent.

La tâche obligatoire la plus sous-estimée pour 2023 est la mise en œuvre de la directive européenne 2020/284 « en ce qui concerne l’instauration de certaines exigences applicables aux prestataires de services de paiement ». La directive relative à la prévention de la fraude fiscale dans le commerce électronique transfrontalier pour les transactions commerciales et les services oblige les prestataires de services de paiement à déclarer certaines données de paiement. Les détails sont compliqués : il faut établir un système de déclaration supplémentaire très complexe avec ses propres interfaces avec le Bundeszentralamt für Steuern (Office central fédéral des impôts). Des données non disponibles jusqu’à présent doivent être collectées et déclarées : par exemple l’identification du lieu du bénéficiaire comme l’IBAN. Si disponibles, les données d’adresse et les numéros d’identification fiscale du bénéficiaire doivent être transmis. L’obligation de déclaration entre en vigueur le 1er janvier 2024. Le nombre des institutions financières ayant initié des projets dans ce sens est à ce jour très limité. Étant donné que les autorités financières sont connues pour ne pas plaisanter sur ces sujets, cela semble courageux.

SWIFT exige des données structurées
L’exigence de SWIFT de ne traiter que les données d’adresse structurées des clients dans les transactions financières à partir de novembre 2025 n’est pas aussi urgente mais tout aussi complexe. Cette réglementation concerne aussi bien les institutions financières que les clients finaux. Elle met en œuvre les spécifications des principaux pays industrialisés en matière de lutte contre les violations d’embargo, le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent. Il est recommandé de n’utiliser que les données structurées dès 2023. Rien qu’en Allemagne, cela devrait concerner plusieurs millions d’enregistrement de données non disponibles sous cette forme. Les institutions financières devraient donc déjà élaborer des plans de communication et des scénarios de mise en œuvre techniques pour l’année prochaine – éventuellement déjà basés sur l’IA.

C’est triste mais le secteur accepte le fait que 50 % des coûts d’exploitation dans les paiements sont liés au respect des exigences réglementaires et que 25 % supplémentaires sont liés à la maintenance et à l’adaptation de l’infrastructure sur le plan procédural et technique. Il n’est donc pas étonnant que la perspective des potentiels et des opportunités de revenus soit souvent obstruée dans les institutions financières.

La demande de paiement suscite des opportunités
Pour les institutions financières, une offre qui associe la norme sur la demande de paiement (Request to Pay) encore récente à des cas d’application concrets tels que les factures électroniques présente par exemple un énorme potentiel. Si les institutions financières proposaient à leurs entreprises clientes le traitement et la gestion des factures électroniques et des demandes de paiement correspondantes, elles pourraient réduire leurs coûts par facture – y compris le rapprochement des paiements reçus – d’environ dix euros. Dans ce contexte, les institutions financières pourraient générer des frais de transaction attrayants, tout en renforçant le compte professionnel en tant que point central de la relation avec la clientèle et en contribuant de manière significative à la durabilité.

Le facteur de succès décisif pour les services correspondants est une accessibilité interbancaire. Il est d’autant plus réjouissant de constater que de telles infrastructures se développent déjà sur le marché. Il faut s’attendre à ce qu’à partir de 2026, seules les factures électroniques soient autorisées dans toute l’Europe.

Consolidation de TARGET2 : « Tout le monde sur le pont »
Voilà pour les thèmes sous-estimés. Les préparatifs pour la consolidation de TARGET2, repoussée au 20 mars 2023, et le début de la transition de SWIFT vers le format ISO 20022 ne sont pas sous-estimés. Cette date devrait rester inchangée, un nouveau report de la consolidation de TARGET2 risquant probablement de faire diverger la migration de TARGET2 et SWIFT.

Les paiements de masse seront également marqués par la mise en œuvre de nouvelles réglementations en 2023. Il s’agit du règlement de l’UE sur l’introduction obligatoire des paiements instantanés SEPA et de l’introduction de la dernière norme ISO pour toutes les procédures de paiement SEPA. Cette dernière n’a pas uniquement des répercussions sur le fichier de paiement et les systèmes de paiement en tant que tels, mais affecte également les systèmes périphériques, tels que les systèmes de données de base.

Prévention de la fraude dans les paiements en temps réel
La proposition de la Commission européenne présentée fin octobre 2022, visant à rendre obligatoires les virements en temps réel SEPA, fait actuellement l’objet de discussions approfondies et d’un travail de lobbying. Entre autres, le débat est intense pour savoir si les prestataires de services de paiement doivent proposer à leurs clients de comparer le numéro de compte et le nom. Cette proposition est motivée par le caractère définitif des virements en temps réel SEPA exécutés en quelques secondes. Cela les rend vulnérables à la fraude. La possibilité de faire vérifier, avant l’émission du paiement, si l’IBAN concerné appartient bien au bénéficiaire doit y remédier. La lutte réussie contre les tentatives de fraude devient un facteur essentiel pour le succès des paiements instantanés.

L’établissement global des virements en temps réel ne concerne pas uniquement les prestataires de services de paiement qui ne proposent pas encore cet instrument, mais aussi les acteurs actifs. La raison : puisque les virements en temps réel ne doivent pas être plus chers à l’avenir que les transactions traditionnelles, les acteurs du marché s’attendent à ce que leur part dans tous les virements passe de 10 à au moins 30 à 40 %. Cette tendance est renforcée par l’augmentation des taux d’intérêt qui récompense à nouveau la détention d’avoir. Cependant si le nombre de transactions augmente d’au moins un facteur trois, tous les prestataires de services de paiement dont l’infrastructure en temps réel repose jusqu’à présent sur des solutions provisoires se trouveront en difficulté. Il est donc temps de procéder à une vérification correspondante.

Dans le domaine des paiements de détail, l’initiative paneuropéenne EPI, dont l’étendue des prestations est désormais limitée en tant que procédure P2P et de commerce électronique, sera confrontée à des décisions fondamentales importantes au tournant de l’année 2022-2023. Cela implique par exemple de se demander si le groupe financier coopératif se joindra à nouveau à l’EPI et si l’initiative dans son ensemble continuera à évoluer et de quelle manière.

Nouveaux cas d’utilisation pour les paiements de détail
En 2023, les prestataires de services influents dans le domaine des paiements de détail continueront à travailler pour améliorer leurs capacités. Les émetteurs continueront par exemple à développer la Girocard pour le commerce électronique. De nombreux prestataires de services de paiement travaillent à la prise en charge de différents concepts omnicanal, notamment à cause de la pandémie du Covid 19. Dans ce contexte, l’accent est non seulement mis sur les cas d’utilisation désormais bien connus comme le Click & Collect mais aussi sur :

  • l’utilisation de méthodes de paiement en ligne au point de vente, comme « Acheter maintenant, payer plus tard »,
  • la prise en charge des modèles de franchise et de coopération, par exemple les retours inter-canaux et inter-sociétés,
  • l’analyse du comportement des clients aux différents points de contact.


En octobre 2023, la phase d’analyse de la BCE sur l’euro numérique prendra fin et le Conseil des gouverneurs décidera probablement de lancer la phase de réalisation. Étant donné que l’euro numérique est actuellement conçu comme un euro de détail, différentes institutions financières en Europe travaillent déjà en parallèle à l’introduction de ce que l’on appelle des jetons de monnaie scripturale en 2023.

Comment les établissements financiers peuvent-ils faire face à la multitude de tâches – notamment en raison de la pénurie de personnel qualifié ? Cela ne sera possible que si les institutions financières sont davantage prêtes à coopérer entre elles, si les solutions standard se répandent davantage et que l’externalisation est également envisagée. Il faudrait en outre être davantage préparé à renouveler les fondations si nécessaire, plutôt que de continuer à construire à partir des systèmes anciens existants en ignorant la « dette technique ».

Cela représente déjà de nombreux chantiers – et nous n’avons pas encore parlé des effets du règlement DORA qui se profile, des régularisations sur l’accessibilité et de la DSP3 qui se dessine à l’horizon.

Auteur : Hubertus von Poser, Head of Consulting Payments, PPI AG

Série d’articles de blog sur les stablescoins - partie 1 : contexte

Lorsque on étudie le thème des cryptomonnaies, on tombe inévitablement sur le sujet des stablescoins et on se pose rapidement la question de savoir de quoi il s’agit. Dans cette série d’articles de blog, nous voulons faire avec vous un voyage court mais pointu à travers ce sujet.

Un stablecoin est une cryptomonnaie stable par rapport à une monnaie de base définie. Le cas d’application le plus fréquemment utilisé est le domaine du cryptocommerce, car la compensation (transfrontalière) entre les cryptobourses peut être effectuée plus rapidement avec des stablecoins qu’avec les moyens de paiement classiques. Par ailleurs, ils gagnent en popularité dans les pays émergents et en voie de développement en raison de leur valeur stable par rapport aux devises locales.

En bref, l’utilisation de stablecoins peut être résumée en quatre points essentiels :

  • Référence de valeur et moyen d’échange pour le commerce
  • Protection contre les fluctuations de cours
  • Réalisation de produits d’intérêts dans le domaine de la « Decentralised Finance »
  • Paiements rapides et sans frontières

Algorithmes vs stablecoins collatéralisés
Il existe deux types de stablecoins : les stablecoins collatéralisés et les stablecoins algorithmiques :

Dans les cas des stablecoins collatéralisés par des USD, l’entreprise derrière le stablecoin stocke des USD dans une institution financière et émet son stablecoin. L’objectif est d’obtenir une couverture 1:1. Dans le cas des stablecoins algorithmiques, seul un algorithme essaie de stabiliser le taux de change entre le stablecoin et la valeur de base (par exemple USD).
Après l’effondrement du stablecoin algorithmique « TerraUSD » en mai 2022, il ne reste plus qu’un seul stablecoin algorithmique vraiment important : le « DAI » de MakerDao’s.

Les stablecoins collatéralisés sont souvent issus par des cryptobourses. Les plus grands stablecoins classés par capitalisation du marché sont Tether, USD Coin et Binance USD. Au total, ils atteignent ensemble une capitalisation du marché totale d’environ 130 milliards d’USD (situation en novembre 2022).

Les stablecoins représentent numériquement la valeur d’un actif sous-jacent dans un rapport 1:1 et sont considérés comme de la monnaie numérique. Ils sont souvent couverts par des dépôts bancaires en USD, des emprunts d’État des États-Unis ou d’autres titres. Si l’on se souvient du fameux étalon-or, on reconnaît des parallèles bien intentionnels.

Avantages par rapport aux transactions financières classiques
Les avantages par rapport aux systèmes de paiement classiques sont notamment que les stablecoins sont accessibles à tous 24 heures sur 24 dans le monde entier. Les frais de transaction sont faibles, les paiements transfrontaliers peuvent être effectués rapidement et sans problème. Un virement est par ailleurs possible sans KYC et sans l’implication d’une institution financière. Un smartphone avec une connexion Internet ainsi qu’un portefeuille numérique de la devise sont les deux seuls éléments nécessaires.

Comme indiqué au début de notre article, outre les traders de cryptomonnaie, de plus en plus de personnes issues des pays émergents et en voie de développement s’intéressent particulièrement aux stablecoins.

De nombreux pays émergents et en voie de développement sont confrontés à de hauts taux d’inflation à deux chiffres. Les devises nationales continuent de perdre de la valeur par rapport au dollar américain. Cela affecte également la confiance des citoyens dans les pays concernés. Récemment, nombreux parmi ces pays sont ceux qui ont connu ce que l’on appelle un « Bank Run ».
Un Bank Run ou une panique bancaire se produit lorsque les investisseurs veulent retirer leurs dépôts de leurs institutions financières le plus rapidement possible. Si plusieurs ou toutes les institutions financières au sein d’une économie de marché sont concernées par cette situation, on parle alors d’une panique bancaire.
Les gouvernements ont ainsi été forcés de fermer des institutions financières locales. Pour les citoyens locaux, les stablecoins peuvent devenir une alternative attrayante à leur monnaie nationale dans une telle situation afin de se protéger contre les difficultés financières.

Dans différentes situations, les stablecoins peuvent donc être une solution pratique aux problèmes qui ne peuvent pas ou sont mal résolus dans le système FIAT, ou peuvent même éventuellement constituer une alternative pour les citoyens en cas de difficultés économiques. Cependant là où il y a de la lumière, il y a aussi de l’ombre. C’est ce que nous souhaitons aborder avec vous dans la deuxième partie de notre série.

Auteurs : Philipp Uhinck, Benjamin Schreck